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Mécanismes du stress et coaching de jeunes

Le terme de stress, emprunté à la physique, désigne à l’origine : « la contrainte exercée sur un matériau » Dantzer (2004). En 1935, le physiologiste américain Walter Cannon est le premier à utiliser le mot stress dans son domaine. Mais c’est au cours des années 50, que le physiologiste canadien Hans Selye met au jour «  les principaux mécanismes de la réaction biologique des organismes animaux face aux agressions de toute nature » Lavergne (2004). Pour Selye, le stress serait à l’origine de la plupart des problèmes de santé (simple malaise, asthme, défaillance cardiaque).
La compréhension des mécanismes du stress et la description de quelques techniques de gestion du stress pourraient permettre aux entraîneurs de mieux préparer les jeunes sportifs à faire face à la compétition.

Éclairage physiologique
Le stress engendrerait une perturbation de l’équilibre chimique de l’organisme. Cet équilibre est régulé par l’hypophyse(1) et les glandes surrénales(2). En libérant des hormones, ces glandes aident le corps à réagir au stress sous toutes ses formes : variations de température, manque d’eau, d’oxygène, de nourriture et plus généralement tout ce qui menace l’intégrité de l’organisme (maladie, intervention chirurgicale).
Mais, lorsqu’elles sont libérées massivement (trop de stress), ces hormones ont des effets néfastes : lésions du cœur, des reins, du pancréas ainsi que des gonflements douloureux et inflammatoires des articulations… Des hormones antagonistes(3) permettent, dans une certaine mesure, de pondérer ces effets.

Éclairage psychologique
Les stimulations de la vie quotidienne ne sont pas de même nature que celles utilisées par les physiologistes qui étudient le stress administré à des animaux en laboratoire.
En psychologie, l’emploi du mot stress est souvent «  … limité aux stimulations émouvantes dont l’intensité ou le caractère répétitif entraîne des effets pathologiques » (Reuchlin, 1986). Cependant, le stress dépend des perceptions du sujet, de ses représentations mentales et de ses attitudes face aux événements de vie(4). En effet, du point de vue psychologique, ce ne sont pas les caractéristiques physiques des situations stressantes qui sont importantes, mais c’est à la fois :

  • le contrôle comportemental, c’est-à-dire la possibilité qu’a le sujet de modifier la situation par son comportement.
  • la capacité de prévision, c’est-à-dire les informations dont dispose le sujet sur la façon dont la situation évolue et les conséquences de ses actions.

Ces deux éléments conditionnent l’attitude adoptée par le sujet face à la situation stressante.
La possibilité de faire face, de manière efficace, aux situations stressantes, dépend :

  • des capacités à sélectionner la stratégie appropriée,
  • des aptitudes à utiliser les ressources de l’environnement social et plus particulièrement le soutien social (famille, amis, conjoint…).

Management de jeunes sportifs
Les compétitions sportives peuvent être de puissants freins à la motivation lorsqu’elles sont perçues comme des situations "trop" stressantes. D’ailleurs, de nombreux entraîneurs se plaignent que certains jeunes sont plus attirés par la pratique "fun", où chacun aménage sa progression, que par la compétition, orientée vers la production de performances. En effet, la compétition pose d’emblée le double problème de la difficulté d’atteindre un but et de la démonstration de compétences.
Mais, la difficulté d’atteindre un but peut être pensée de deux points de vue :

  • normatif (classement ou performances « marquantes »),
  • subjectif (c’est-à-dire par rapport à son propre niveau de performance).

Et il y a deux façons de montrer ses compétences :

  • en étant meilleur que les autres,
  • en progressant.

La compétition est souvent présentée aux jeunes comme un système de comparaison sociale incontournable dans laquelle chacun doit atteindre des buts normatifs (donc inflexibles et incontrôlables) et montrer qu’il est meilleur que les autres. Ceci peut générer une majoration de l’anxiété, une baisse de la motivation et de la confiance en soi, voire l’émergence de stratégies d’évitement des situations de compétition.
Pour motiver ces jeunes à participer à des compétitions, il est indispensable de changer de discours sur la compétition : plus encore que la forme de présentation, c’est le fond qui doit être repensé. Le nouveau point de vue à faire construire par les jeunes doit privilégier les buts de maîtrise de la tâche et non pas les buts de résultats compétitifs :

  • les buts que chaque jeune doit atteindre doivent être définis en fonction de ses précédents résultats,
  • la compétition doit être présentée comme l’occasion de valider sa progression dans des conditions standardisées : « si j’arrive à progresser, j’ai une meilleure estime de moi et j’ai plus confiance en moi  ».

Conclusion
Pour être efficace, la gestion du stress doit être fondée sur :

  • une bonne hygiène de vie (sommeil, alimentation, hydratation, habillement…),
  • une attitude positive de la part de l’entourage,
  • la mise en œuvre de stratégies appropriées fondées sur la progression personnelle.

Ces stratégies doivent être appliquées à trois niveaux :

  • Somatique : déconcentration, relaxation musculaire, travail respiratoire.
  • Comportemental : remplacement d’attitudes génératrices de conflit par des attitudes plus conciliantes.
  • Cognitif : réflexion sur la façon de voir le monde(5). Il s’agit plus précisément d’un travail de transformation des représentations et des attitudes mentales pour ouvrir d’autres perspectives. C’est-à-dire apprendre à construire des points de vue plus optimistes et constructifs.

Les programmes de gestion du stress articulent des stratégies à ces trois niveaux.

Références :

  • Dantzer, R. (2004). Stress. In Encyclopedia Universalis. Mérignac.
  • Famose, J-P. (1993). Cognition et performance. Publication INSEP. Paris.
  • Lavergne, D. (2004). Hans SELYE. In Encyclopedia Universalis. Mérignac.
  • Reuchlin, M. (1986). Psychologie. PUF. Vendôme.

(1) Hypophyse : Glande située à la partie inférieure du cerveau ; son rôle est de réguler le fonctionnement de l’organisme.

(2) Glandes surrénales : Situées profondément, de part et d’autre de la colonne vertébrale, elles coiffent les reins. Chaque glande surrénale est formée par l’accolement de deux glandes distinctes : la corticale et la médullaire. Ces glandes sécrètent plusieurs hormones parmi lesquelles : l’adrénaline, l’aldostérone et la cortisone.

(3) Cortisone : Hormone sécrétée par le cortex surrénal. Elle a un rôle anti-inflammatoire.

(4) Evènements de vie : Désigne « … toute situation qui nécessite un effort d’adaptation » (Dantzer, 2004). Par exemple : une compétition, un mariage, un décès…

(5) Façon de voir le monde : Il s’agit plus précisément de se représenter différemment les objets et les phénomènes.

Voir en ligne : Mécanismes du stress et coaching de jeunes

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